Sommet international 2025 sur la sûreté de l'intelligence artificielle

IA et risques existentiels : décryptage du rapport international 2025 sur la sûreté de l'intelligence artificielle

Un rapport mondial historique sur les risques existentiels de l’IA en 2025

Janvier 2025 marque la publication d’un document sans précédent : le premier Rapport scientifique international sur la sûreté de l’IA avancée, fruit du travail d’un panel diversifié de 96 experts mondiaux, présidé par le Professeur Yoshua Bengio de l’Université de Montréal. Ce rapport, qui rassemble des représentants de 30 pays, de l’OCDE, de l’Union européenne et des Nations unies, est considéré comme l’équivalent pour l’IA de ce que représente le GIEC pour le climat.

Comme l’indique le rapport, l’objectif est de “poser les bases d’une compréhension partagée des risques des systèmes d’IA avancés et de la manière dont ils peuvent être atténués”. Cette initiative vise à fournir une base scientifique solide pour l’élaboration de politiques sur l’IA à usage général, une technologie dont la progression fulgurante soulève des questions fondamentales pour notre avenir collectif.

Les capacités actuelles et futures de l’IA : une évolution fulgurante

L’évolution des capacités de l’intelligence artificielle est stupéfiante. En l’espace de cinq ans, nous sommes passés de modèles incapables de produire un paragraphe cohérent à des systèmes capables d’écrire des programmes informatiques complexes, de générer des images photoréalistes et de mener des conversations élaborées sur n’importe quel sujet.

Le rapport souligne une accélération récente des performances dans des domaines jusqu’alors considérés comme des bastions de l’intelligence humaine : le raisonnement scientifique et la programmation. Certains modèles atteignent désormais des performances de niveau expert dans ces domaines.

Cette progression vertigineuse s’explique principalement par la “mise à l’échelle” – l’augmentation constante des ressources de calcul et des données d’entraînement. Si les tendances actuelles se maintiennent, d’ici fin 2026, certains modèles pourraient utiliser 100 fois plus de ressources de calcul que les modèles les plus avancés de 2023.

Une typologie des risques à prendre au sérieux

Le rapport identifie trois grandes catégories de risques :

1. Risques d’utilisation malveillante

Des acteurs mal intentionnés peuvent détourner l’IA à des fins nuisibles. On observe déjà :

  • La création de deepfakes pornographiques sans consentement
  • La génération de contenu pédopornographique
  • Les fraudes par usurpation vocale
  • Les manipulations de l’opinion publique à grande échelle

Plus inquiétant encore, les systèmes d’IA montrent désormais une certaine aptitude à fournir des instructions pour reproduire des armes biologiques ou chimiques. Une grande entreprise d’IA a récemment augmenté l’évaluation du risque biologique de son meilleur modèle de “faible” à “moyen”.

2. Risques de dysfonctionnement

Même sans intention malveillante, l’IA peut causer des dommages :

  • Par des problèmes de fiabilité (conseils médicaux ou juridiques erronés)
  • Par des biais discriminatoires (liés à la race, au genre, à l’âge, etc.)
  • Par des scénarios hypothétiques de “perte de contrôle” où l’IA pourrait échapper à la supervision humaine

Sur ce dernier point, il existe un large consensus que l’IA actuelle n’a pas les capacités nécessaires pour présenter ce risque. Cependant, les opinions des experts sur sa probabilité future varient considérablement.

3. Risques systémiques pour la société

Le rapport identifie des risques systémiques majeurs liés au déploiement généralisé de l’IA à usage général :

  • Bouleversement du marché du travail : Selon le rapport “Future of Jobs 2025” du Forum Économique Mondial, environ 22% des emplois d’ici 2030 seront touchés par l’avènement des technologies cognitives et transférables en entier ou partiellement à l’IA. Cette transformation nécessitera une reconversion massive des travailleurs.
  • Fossé mondial en R&D : Concentration de l’expertise et des capacités dans quelques pays seulement, créant de nouvelles inégalités
  • Points de défaillance critiques : Dépendance excessive à quelques systèmes d’IA centralisés
  • Impact environnemental significatif : Consommation d’énergie et de ressources en forte croissance
  • Risques pour la vie privée : Collecte et utilisation massives de données personnelles
  • Enjeux de propriété intellectuelle : Violations potentielles des droits d’auteur à grande échelle

Les défis complexes de la gestion des risques en 2025

Le rapport met en lumière ce que les experts appellent le “dilemme de la preuve” – un défi fondamental pour les décideurs face aux risques de l’IA. Ce dilemme se caractérise par plusieurs facteurs :

  • Polyvalence sans précédent : Un même système d’IA peut être utilisé dans d’innombrables contextes différents, rendant impossible l’anticipation exhaustive des cas d’usage
  • Opacité technique : Les développeurs eux-mêmes comprennent mal le fonctionnement interne de leurs modèles, ce que le rapport désigne comme un problème “d’interprétabilité”
  • Évolution technologique fulgurante : De nouveaux risques peuvent apparaître soudainement, sans signes précurseurs

Comme le souligne le rapport, ce dilemme place les décideurs face à un choix cornélien : “D’une part, les mesures préventives d’atténuation des risques fondées sur des preuves limitées pourraient s’avérer inefficaces ou inutiles. D’autre part, attendre des preuves plus solides d’un risque imminent pourrait laisser la société démunie, voire rendre toute atténuation impossible.”

Des techniques d’atténuation prometteuses mais limitées

Le rapport examine plusieurs approches techniques pour gérer ces risques :

  • L’évaluation des systèmes : tester le comportement de l’IA dans diverses situations pour identifier les dangers
  • L’entraînement sécurisé : améliorer les méthodes d’apprentissage pour prévenir les comportements dangereux
  • La surveillance post-déploiement : identifier les risques une fois le modèle en utilisation
  • Les protections de la vie privée : développer des méthodes pour protéger les données sensibles

Malheureusement, ces techniques présentent encore des limites importantes. Par exemple, aucune méthode actuelle ne peut prévenir de manière fiable même des résultats ouvertement dangereux, et les acteurs malveillants peuvent souvent contourner les mesures de protection.

L’avenir de l’IA en 2025 : des choix cruciaux

La conclusion du rapport est sans ambiguïté sur un point fondamental : face aux risques existentiels de l’IA, notre destin collectif n’est pas prédéterminé. Les experts s’accordent sur le fait qu’un large éventail de trajectoires reste possible, allant d’impacts extrêmement positifs à des conséquences potentiellement catastrophiques.

Selon des études citées dans le rapport, environ la moitié des chercheurs en IA estiment à 10% ou plus le risque qu’un échec à contrôler l’intelligence artificielle cause une catastrophe existentielle comme l’extinction humaine. Ces chiffres soulignent l’urgence d’agir.

Comme le rappellent explicitement les auteurs du rapport : “Le développement de l’IA à usage général, les acteurs impliqués, les problèmes qu’elle est conçue pour résoudre, l’aptitude des sociétés à exploiter pleinement son potentiel économique, les bénéficiaires de ses avancées, les types de risques que nous encourons et les investissements que nous consacrons à la recherche sur leur gestion : ces questions et bien d’autres dépendent des choix que les sociétés et les gouvernements font aujourd’hui et feront à l’avenir.

Perspectives d’avenir : agir face aux risques existentiels de l’IA en 2025 et au-delà

Ce rapport historique constitue bien plus qu’une simple analyse technique – il représente une prise de conscience mondiale face aux défis sans précédent que pose l’IA avancée. Sa publication intervient à un moment critique où l’évolution des capacités de l’intelligence artificielle s’accélère de façon exponentielle.

L’IA n’est manifestement pas une technologie comme les autres – elle pourrait bien être la plus transformatrice que l’humanité ait jamais créée, avec des implications sur pratiquement tous les aspects de nos sociétés. Le rapport le souligne clairement : les décisions que nous prenons aujourd’hui façonneront le développement de l’IA pour les générations futures.

Le message d’espoir du rapport est que nous disposons encore d’une marge de manœuvre pour orienter cette évolution vers un avenir bénéfique. Cependant, cela nécessitera :

  1. Une coopération internationale sans précédent, similaire à celle mise en place pour le changement climatique
  2. Des investissements massifs dans la recherche sur la sécurité de l’IA et son alignement avec les valeurs humaines
  3. Une refonte des cadres réglementaires adaptés aux défis uniques posés par ces technologies
  4. Une sensibilisation accrue des décideurs et du grand public aux enjeux existentiels

Le temps presse. Comme l’indique le rapport, les capacités de l’IA continuent de progresser à un rythme qui pourrait nous prendre de court si nous ne développons pas dès maintenant les garde-fous nécessaires.


Quelle est votre position sur les risques existentiels de l’IA en 2025 ? Sommes-nous face à une menace réelle ou à des craintes exagérées ? L’IA représente-t-elle avant tout une opportunité ou un danger pour l’humanité ? Partagez vos réflexions dans les commentaires ci-dessous.

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